Un récent catalogue d'un libraire japonais propose quelques livres pour enfants édités au Japon vers 1930 à des prix invraisemblables à nos yeux d'Européens : en moyenne 900 € pour de petits livres brochés, charmants, mais qui n'ont pas marqué l'histoire et n'ont pas été illustrés par des artistes célèbres. Des ouvrages français équivalents vaudraient au maximum quelques dizaines d'euros...
Il y a pourtant une explication à ces prix "délirants" : ces livres sont réellement très très rares. Ils ont dû être édités à des milliers d'exemplaires, mais il ne serait pas dans les habitudes japonaises de conserver de telles choses. Du coup, les quelques exemplaires qui ont échappé à la poubelle et miraculeusement survécu sont devenus de petits trésors...
Cet exemple préfigure peut-être ce qui va se passer chez nous. Depuis que nous sommes vraiment entrés dans la société de consommation, dans les années 1960, les livres "modestes" sont détruits et jetés. Ils n'ont plus vocation a être protégés, conservés et transmis. Du coup des publications récentes peuvent être beaucoup plus difficiles à trouver que des livres du XIXe siècle.
Certains l'ont déjà compris, qui proposent sur Amazon des livres qui n'ont rien de particulier à des prix invraisemblables. Tout simplement parce qu'il n'y en a pas d'autre exemplaire en vente sur le site, et que, statistiquement, il y aura bien quelqu'un, quelque part dans le monde, qui un jour en aura absolument besoin ou le désirera vraiment.
Ainsi, tandis que le prix des livres anciens classiques a baissé du fait de la mise en ligne des stocks sur le Net, d'autres prix explosent. La valeur n'est alors plus liée à l'intérêt de l'ouvrage, mais simplement au fait qu'il n'y a pas d'autre exemplaire en vente...
JD
* Un correspondant nous signale un superbe site consacré aux livres pour enfants japonais, à partir des scans réalisés par la bibliothèque nationale du Japon : http://50watts.com/filter/japan