Celle-ci, animée par une jeune libraire, Céline Poisat, était une petite institution au charme intact, ancien siège des éditions surréalistes Au sans pareil, située rue du Cherche-Midi.
Elle s'est battue, et à trouvé des relais et soutiens inattendus, dans la presse (article de Libération) et dans le voisinage, à commencer par Gérard Depardieu, qui l'a invitée chez lui pour un vernissage hommage, le 22 juin.
"J'aime une oeuvre ancienne pour sa nouveauté" (Tristan Tzara, Manifeste Dada)
Dans
mes péripéties, je suis flattée du soutien apporté et de la confiance de Gérard
Depardieu, qui m’a confié une partie de sa maison, qui abrita autrefois la
Maison des Écrivains dirigée par Chateaubriand, pour vous recevoir ce soir, afin
de vous présenter ce qui nous tient à coeur depuis longtemps :
La
peinture, la photographie, le dessin, l’écriture, bien sûr, et les artistes, les
créateurs, sans lesquels le monde d’aujourd’hui ne serait qu’un agglomérat d’habitudes
sans goûts, sans substance et sans foi, monde dans lequel la résistance
n’aurait plus de sens.
Cette
rue du Cherche-Midi, carrefour chargé d’histoire féconde et d’aventures qui
nous le croyons, ne disparaîtront jamais, a vu passer Charles Baudelaire, André
Breton, Tristan Tzara, Ernst Jünger…
Je
remercie tous les journalistes qui se sont intéressés au cas de la librairie,
et plus généralement à la disparition des librairies et des lieux de vie et
d’échanges culturels à Paris et ailleurs… Puisque que beaucoup avaient déjà
parlé de la disparition de Paris, qui continue à se vérifier, et alors que plus
personne ne pensait que le Journalisme existait.
La
librairie se résout difficilement à devenir complètement nomade, même si
"Il faut être nomade, traverser les idées comme on traverse les villes et
les rues", comme le disait Picabia. Car elle ne pourra plus être plus un
repère, un lieu d’accueil pour les artistes, servir de vitrine pour des
esthétiques et des idées nouvelles et anciennes avec autonomie, si elle ne
possède pas de lieu nouveau, dans lequel nous déposerons cet Esprit, où nous continuerons
à encourager la liberté, le discernement, l’élégance et qui ne finiront jamais
de rendre possible de réinventer la vie.
Nous
sommes ravis de vous accueillir, et profitons de ce moment, à l’allure d’exil, pour
remercier tous les gens qui ont participé à cette aventure : amis, voisins,
artistes, bibliophiles, familles, artisans, collectionneurs, et Gérard
Depardieu, en amateur éclairé, qui nous permet aujourd’hui de pouvoir vous dire
simplement : "Buvons à l’amitié, buvons au caractère".
Céline Poisat