dimanche 22 juillet 2012

Librairie bannie


Une librairie de Paris a disparu en ce mois de juillet, une de plus, une parmi tant d'autres (voir notre post de 2009 : La Mairie de Paris aime les librairies et notre hommage à la librairie Privat).

Celle-ci, animée par une jeune libraire, Céline Poisat, était une petite institution au charme intact, ancien siège des éditions surréalistes Au sans pareil, située rue du Cherche-Midi.

Elle s'est battue, et à trouvé des relais et soutiens inattendus, dans la presse (article de Libération) et dans le voisinage, à commencer par Gérard Depardieu, qui l'a invitée chez lui pour un vernissage hommage, le 22 juin.



"J'aime une oeuvre ancienne pour sa nouveauté" (Tristan Tzara, Manifeste Dada)

Dans mes péripéties, je suis flattée du soutien apporté et de la confiance de Gérard Depardieu, qui m’a confié une partie de sa maison, qui abrita autrefois la Maison des Écrivains dirigée par Chateaubriand, pour vous recevoir ce soir, afin de vous présenter ce qui nous tient à coeur depuis longtemps :

La peinture, la photographie, le dessin, l’écriture, bien sûr, et les artistes, les créateurs, sans lesquels le monde d’aujourd’hui ne serait qu’un agglomérat d’habitudes sans goûts, sans substance et sans foi, monde dans lequel la résistance n’aurait plus de sens.

Cette rue du Cherche-Midi, carrefour chargé d’histoire féconde et d’aventures qui nous le croyons, ne disparaîtront jamais, a vu passer Charles Baudelaire, André Breton, Tristan Tzara, Ernst Jünger…

Je remercie tous les journalistes qui se sont intéressés au cas de la librairie, et plus généralement à la disparition des librairies et des lieux de vie et d’échanges culturels à Paris et ailleurs… Puisque que beaucoup avaient déjà parlé de la disparition de Paris, qui continue à se vérifier, et alors que plus personne ne pensait que le Journalisme existait.

La librairie se résout difficilement à devenir complètement nomade, même si "Il faut être nomade, traverser les idées comme on traverse les villes et les rues", comme le disait Picabia. Car elle ne pourra plus être plus un repère, un lieu d’accueil pour les artistes, servir de vitrine pour des esthétiques et des idées nouvelles et anciennes avec autonomie, si elle ne possède pas de lieu nouveau, dans lequel nous déposerons cet Esprit, où nous continuerons à encourager la liberté, le discernement, l’élégance et qui ne finiront jamais de rendre possible de réinventer la vie.

Nous sommes ravis de vous accueillir, et profitons de ce moment, à l’allure d’exil, pour remercier tous les gens qui ont participé à cette aventure : amis, voisins, artistes, bibliophiles, familles, artisans, collectionneurs, et Gérard Depardieu, en amateur éclairé, qui nous permet aujourd’hui de pouvoir vous dire simplement : "Buvons à l’amitié, buvons au caractère".

Céline Poisat


La librairie, devenue SDF, reste en activité : Livre rare book

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